Né en 1932 à Barranquilla, ville portuaire du nord de la Colombie, Luis Ernesto Arocha a une formation d’architecte quand, au milieu des années 1960, il part séjourner à New York. Enthousiasmé par les films de Stan Brakhage, Andy Warhol et Keneth Anger qu’il découvre alors, il achète sa première caméra : une super 8mm, avec zoom automatique, et tourne un premier film, inspiré directement de la scène expérimentale new-yorkaise. De retour en Colombie, il commence à filmer sa ville natale, et conçoit des œuvres d’art vidéo et de cinéma. La fraîcheur des techniques et des théories qu’il apporte contribue à la création d’une scène artistique riche et vivante à Barranquilla. Il était important pour lui de transgresser les vieilles habitudes, de questionner le pouvoir institué. Dans ce contexte, le Carnaval de Barranquilla, l’un des plus anciens au monde, joue un rôle fondamental. Il offre à Arocha un potentiel d’inspiration subversive inépuisable, et ceci jusqu’à aujourd’hui.

Lucia Ramos Monteiro est critique et chercheuse en cinéma et en histoire de l’art. Après un doctorat en études cinématographiques à l’Université Sorbonne Nouvelle – Paris 3, elle enseigne en tant que professeure invitée à l’Université des Arts de Guayaquil, Équateur. Membre du collectif Le Silo depuis 2007, elle est co-éditrice de Oui, c’est du cinéma. Formes et espaces de l’image en mouvement (Campanotto Editore, 2010) et publie des articles sur le cinéma et l’art contemporain.