Depuis plus de trente ans Bruno Decharme assemble sa collection d'Art Brut. Elle compte aujourd’hui 3 500 pièces, recense 300 artistes du milieu du dix-neuvième siècle à nos jours. Elle réunit des œuvres de nombreux pays, produites dans un cadre asilaire ou dans la solitude des villes et des campagnes, des productions dites médiumniques et des objets populaires qui échappent à la norme des traditions.
Cet ensemble unique prolonge les collections et recherches de précurseurs psychiatres comme Hans Prinzhorn, d’artistes et écrivains comme André Breton, travaux que Jean Dubuffet a théorisé en 1945 sous le concept d’art brut. En déplaçant ces créations vers le champ de l’art, Dubuffet opère un changement de paradigme radical qui invite à modifier notre façon de penser l’art.
En effet, ces artistes créent le plus souvent avec une intention tout autre que celle de produire de l’art : messages à Dieu, accomplissement d’une mission, communication avec des esprits, talismans de protection etc. En proie aux désordres et à toutes sortes de difficultés de la vie, à travers leurs visions, qui peuvent être qualifiées de délirantes, chacun d’entre eux touche une forme de savoir qui fait écho aux questions fondamentales qui nous concernent tous: que veut dire être sur cette terre? Pour autant, ils ne participent à aucune filiation artistique, pour la plupart isolés ils ne se connaissent pas et ne forment donc pas une école idéologique ou stylistique.
La démarche de Bruno Decharme s’inscrit dans le cadre d’un projet global, celui du collectionneur et du cinéaste, mais également celui du fondateur de
l'association abcd qui ouvre sa collection au public en 1999.
abcd (art brut connaissance & diffusion), animée par Barbara Safarova, est un pôle de recherche, dont les travaux prennent corps à travers des publications, des séminaires, des expositions et la production de films.