Présentation
A partir de l’héritage de l’action painting et bien au-delà d’un simple travail de citation, Koyo Hara utilise depuis quelques années le dripping à l’opposé de l’automatisme qui a ordonné sa systématisation. Une grande économie de moyens lui a permis de développer une œuvre singulière qui met à l’épreuve le regard. Traversée par de multiples influences allant de l’impressionnisme au minimalisme, sa peinture allie contemplation et ludisme distancié.
« […] reprendre, en conscience, un vocabulaire pictural connu, et [d’] opérer, littéralement, un retournement de son usage. Là où le dripping était, chez Pollock, le moyen d’une projection de soi, faisant de la toile le lieu empathique où vient s’inscrire la moindre trace du passage du sujet peignant, Koyo Hara instaure, à l’inverse, une singulière distanciation. Couleurs froides, accords stridents, matière lisse jusqu’à faire miroir : ses toiles n’absorbent ni lumière ni spectateur, elles reflètent, jusqu’à l’aveuglement. Il suffit, un jour, d’avoir été confronté à l’impossibilité qu’il y a à reproduire de telles oeuvres, pour mesurer ce qui s’y joue.
Être devant un tableau de Koyo Hara, c’est se tenir dans un espace intermédiaire : espace entre le tableau et celui qui le regarde, ou tente de le faire. Car c’est bien dans un lieu « entre » le tableau et nous que s’accomplit une forme fugitive de fusion. Fugitive et ambiguë : sensation d’être capté, pour être mieux repoussé dehors. Sensation de voir, pour être mieux aveuglé. […] »
Pierre Wat (2007, Façons d’être, le petit Chaillioux)
Koyo Hara est né en 1969. Il vit et travaille à Paris.
www.koyohara.com