Creuser sa tombe, se mettre en bière, poser sa pierre tombale /
l’artiste orchestrant sa mort dans l’art contemporain

Fils de pute d’Eric Pougeau (2010) est exposé en ce moment dans le patio de la maison rouge. Cette pièce est également la pierre tombale de l’artiste. Le marbre noir, la forme de l’objet, l’usage d’une lettrine dorée pour l’épigraphe rendent l’objet tout à fait identifiable : il est évident pour tout spectateur qu’il s’agit d’une pierre tombale. Ainsi, l’œuvre pose la question non pas vaste et millénaire de la mort dans l’art – mais de celle de l’artiste, et plus précisément de ce geste radical de l’artiste prévoyant, figurant sa propre mort. De l’Entierro n°1 de Gianni Motti aux enfouissements des artistes du Land Art, de l’art funéraire de la fin du 19ème aux expériences de Chris Burden, nous essaierons d’approcher au plus près la démarche d’Eric Pougeau en la comparant à ces diverses expériences mortuaires qui se développent principalement depuis les années 1960.

Emilie Bouvard est normalienne, agrégée de Lettres Modernes et doctorante à l’université Paris I. Elle travaille sur « la violence chez les artistes femmes des années 1960 à nos jours ». Elle est aussi rédactrice en chef du site Portraits (www.portraits-lagalerie.fr), qui se consacre à la défense de l’art contemporain émergent.